lundi 15 décembre 2014

Hommage à JED



Jean-Emmanuel DÉCAILLET (Jed) : 1947-2014

 "Depuis plus de quarante ans, je regarde les surfaces les plus diverses et je traduit en photographies toutes les beautés et surprises qu'elles peuvent me donner.
Mon regard est porté sur les choses apparemment sans vie et je vibre à toutes les émotions qu'elles distillent. Je traverse une réalité brute pour entrer dans un espace pictural divers et sans limite."
  JED


"La photo de Jean-Emmanuel Décaillet (JED) peut être définie, selon moi, comme une photographie picturale. Mais encore faut-il s'entendre sur le terme.
Il ne faudrait pas voir dans ces photographies de murs, de pierres, de taches, d'objets les plus usuels la référence à une peinture rupestre moderne. Comme si le temps - l'usure, la trace, la rouille - ayant joué avec les aléas de la matière avaient constitué par eux seuls le sujet que le cadre photographique allait consacré en tableau.
Je refuse aussi de voir dans cette photo un rapport de référence ou de citations à la peinture qui consisterait à dire que telle photographie rappelle ou évoque un nuage de Turner, une forme de Zao Wou Ki ou une toile de Tapiès. Il ne s'agit donc pas de lire ces photographies à partir de la peinture, même si l'oeil de Jean-Emmanuel a appris à regarder à partir de ces peintres.
Parler de « photographie picturale », ce n'est donc pas envisager la photo comme une certaine forme de peinture. Ce qui aurait pour conséquence de faire courir le risque d'un asservissement de la photo à la peinture, ou pour le dire plus brutalement, de concevoir une photographie qui singerait la peinture.
Qualifier ces photographies de « picturales », c'est, au contraire, chercher à envisager ces photos comme peintes et composées par l'objectif avec la lumière, la forme et la matière du réel. Car la photographie est, selon Henri Cartier Bresson, "une organisation rigoureuse de formes perçues visuellement".
C'est pourquoi, de la même façon, il ne me semble pas pertinent non plus de dire que les images de JED nous font « voir » ou « penser à quelque chose ». Il ne peut s'agir, à la manière de Léonard de Vinci, d'avoir l'idée d'imaginer par analogie, à partir de ces formes et ses couleurs dessinées sur un mur, des paysages ou des scènes de genre.
Cette photo n'a rien d'imaginaire car elle est bien réelle tout en n'étant pas réaliste! Si elle nous donne à voir le monde réel dans sa matérialité même : la pierre, la rouille, le goudron... Il y a, par la photo, dématérialisation de cette pierre de mur, de cette rouille, de cette coque de bateau, de cette tache du goudron sur la route... Si le mur, la rouille, la tache appartiennent à une certaine perception des choses et du monde : usure, oxydation, trace, la photo rompt cette manifestation de l'usage, de l'usure et du temps pour en imposer une autre moins prosaïque parce que plus poétique justement. Ce photographe, et c'est en ce sens qu'il est un artiste nous guérit du réel, il nous en fait supporter et même aimer le poids."

                                                                                                                        B.CHEVAILLIER                                    

samedi 15 novembre 2014

Cimetière, Ussel (3)


Toronto Blues


ARBRE
Mais un arbre a
         une forme vivante et souffrante
Se déploie en deux moitiés
         selon un destin à deux branches maîtresses
S'élève depuis les pavés
(...)
Des villes radar télévision
        bêtise et hébétude
        sans nom mal plumées
Projetant des brindilles d'une
          couleur d'encre
Vers le ciel à âme
        blanche, avec
Une réalité de ses propres usages


Jack Kerouac, Richmond Hill Blues.

jeudi 6 novembre 2014

Limousine


Niagara Falls Blues


Fuck, j'en ai marre de cette imagerie
_   J'veux laisser tomber cette merdouille
       rentrer
       et me coucher
(...)

Jack Kerouac, Mexico City Blues, 216ème -A chorus.

vendredi 31 octobre 2014

Niagara river Blues


Qu'est-ce qui a été enterré dans la tombe?
       De la poussière.
De la poussière parfaite?
         De la poussière parfaite dans le temps.
   Le Temps.
       Le temps est poussière.
       Le temps n'est pas poussière
       Le temps est déjà arrivé
                  immémorialement
       La perle des dieux
       les agoniseurs d'Ouests
       La balle dans la bulle
                 néant

       Le Temps _
               Ne vous en faites pas.

Qu'est-ce qui a été enterré en moi
         pour sûr?
La substance de la lumière vide
       de mon père
Dérivée du temps passé à travailler
       les os
De boue et de glaise
                 La rivière de Bouddha.

Jack Kerouac, Mexico City Blues, 204ème chorus.

Toronto Island