Extraits du roman "Faux papiers" d'André Aciman (2002 pages 29 à 31 ), éditions Autrement : Je voulais fermer les yeux. Je me trouvais dans l'endroit le plus magnifique de la terre. Il n' y avait, je m'en rends compte à présent, rien d'autre à désirer. Rien d'autre à dire. Mais c'était le problème. Il n'y avait rien à écrire, rien à invoquer; il ne se passait rien. Tout ce que je savais faire se révélait en l'occurrence parfaitement inutile. Il n'y avait pas d'histoire à raconter. Comme tout esprit cultivé se le rappelle lorsqu'il affronte les dures réalités de la vie, du corps et du plaisir, la réflexion vient après, pas avant, et certainement pas pendant. A la question: "Que vais-je faire de toute cette mer ?", la réponse aurait dû être : "Y nager" Jamais de ma vie je ne m'étais senti aussi affamé, aussi inquiet devant une assiette si bien garnie. Comme un riche émigré qui, de retour dans son village natal, espère impressionner les habitants mais découvre qu'ils se moquent bien qu'il ne les reconnaisse pas, je ne savais que ressentir, j'ignorais même ce que je ressentais, en dehors de ce mélange de torpeur et de joie. J'ai finalement décidé de publier ces mots dans un texte: " Tout ce ciel, toute cette eau, que fait-on de tant de bleu une fois qu'on l'a vu ?" Cette phrase était moins une question qu'un cri de désespoir, de défaite, d'ironie profonde. C'était une simple question à laquelle il n' y avait pas de réponse. Que fait-on de tant de bleu une fois qu'on l'a vu? "
Un grand merci Thami. Superbe texte qui se "glisse" parfaitement à côté de la photo. Je vais aller me coucher avec ces mots savoureux et si le temps (climatique et temporel) le permet, j'irai les déclamer, pour moi ou à l'usage du monde s'il y a un peu de vent, à l'endroit où a été prise la photo. Le WE commence bien. Bon WE à toi.
Superbes équilibre et répartition des éléments dans le cadre, et bel hommage aux femmes au crâne rasé.
RépondreSupprimerJ'étais à 50 m, elle s'est arrêtée de courir pour regarder la mer. Au bon endroit. -)
SupprimerExtraits du roman "Faux papiers" d'André Aciman (2002 pages 29 à 31 ), éditions Autrement :
RépondreSupprimerJe voulais fermer les yeux. Je me trouvais dans l'endroit le plus magnifique de la terre. Il n' y avait, je m'en rends compte à présent, rien d'autre à désirer. Rien d'autre à dire.
Mais c'était le problème. Il n'y avait rien à écrire, rien à invoquer; il ne se passait rien. Tout ce que je savais faire se révélait en l'occurrence parfaitement inutile. Il n'y avait pas d'histoire à raconter.
Comme tout esprit cultivé se le rappelle lorsqu'il affronte les dures réalités de la vie, du corps et du plaisir, la réflexion vient après, pas avant, et certainement pas pendant. A la question: "Que vais-je faire de toute cette mer ?", la réponse aurait dû être : "Y nager"
Jamais de ma vie je ne m'étais senti aussi affamé, aussi inquiet devant une assiette si bien garnie. Comme un riche émigré qui, de retour dans son village natal, espère impressionner les habitants mais découvre qu'ils se moquent bien qu'il ne les reconnaisse pas, je ne savais que ressentir, j'ignorais même ce que je ressentais, en dehors de ce mélange de torpeur et de joie. J'ai finalement décidé de publier ces mots dans un texte: " Tout ce ciel, toute cette eau, que fait-on de tant de bleu une fois qu'on l'a vu ?" Cette phrase était moins une question qu'un cri de désespoir, de défaite, d'ironie profonde. C'était une simple question à laquelle il n' y avait pas de réponse.
Que fait-on de tant de bleu une fois qu'on l'a vu? "
Bonne fin de semaine chal-heureuse!
Un grand merci Thami. Superbe texte qui se "glisse" parfaitement à côté de la photo. Je vais aller me coucher avec ces mots savoureux et si le temps (climatique et temporel) le permet, j'irai les déclamer, pour moi ou à l'usage du monde s'il y a un peu de vent, à l'endroit où a été prise la photo. Le WE commence bien. Bon WE à toi.
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