vendredi 28 février 2014
Chimborazo
Les derniers pas sont arrachés à la pente.
Molaires aliénées ouvertes à tous les courants d'air, souffle court, poumons cramés, cerveau-tambour. 5000 mètres, refuge 2. La neige commence à peine. Le sommet est invisible, enveloppé de nuages. On ressent juste la masse énorme qui culmine à plus de 6000 mètres. C'est un moment à soi, pour soi, une sensation géographique presque enfantine : être "au-dessus" du Mont Blanc.
Un vertige d'adrénaline s'empare du corps. Il se précipite dans la pente, se jette de cailloux en cailloux, bondit dans les étendues sableuses, fait jaillir la poussière entre deux hurlements emportés aussitôt par le vent et la solitude. Dans un mouvement furtif de nuages, le sommet esquisse un sourire bienveillant. On s'arrête, interdit, ébahi, rassasié. Et la marche folle reprend.
San Juan est à 5 heures, à 2500 mètres d'altitude.
Riobamba, Juillet 1995
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