mercredi 19 février 2014

Équateur 2 - Pérou 1


Il est 3 heures du matin. Impossible. Impossible de dormir. Je prends la chaise défoncée de la chambre et je m'installe sur le balcon. Pull, poncho, bonnet et gants, il fait froid. J'allume ma Peter Stuyvesant pour me réchauffer. Sur la place, ils crient, ils boivent, ils hurlent, ils lancent des pétards, ils vomissent dans les recoins sombres, ils chantent "Cenepa, Cenepa, Cenepa" ou encore "Perrruano, hijjjjo de puuuuta", ils s'enlacent, rient et boivent encore. Javier l'avait dit, si on gagne, tu vas voir... .  A intervalles réguliers, ils entonnent l'hymne national à pleins poumons. Une libération cette victoire après la frustration du cessez-le feu de février. Là-bas, loin, à Montévidéo, l'équipe nationale a redonné un peu de fierté, de baume au cœur. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Jusqu'à quelle heure?
En fin de matinée, dans les rues de Latacunga, ce sont les enfants qui refont le match.

Latacunga, Juillet 1995.

4 commentaires:

  1. J'aime bien le témoignage de cette photo de rue, et ton texte est beau, j'aime comme il montre les liens entre vie politique et football. Tu m'as fait penser à Francescoli, et c'est pourquoi, j'y vais, au lit, car sinon tu vas encore me gronder :-)
    P.S : la pub pour des clopes américaines, pas très de gauche, fais gaffe ;-)

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    1. Francescoli était le capitaine de cette sélection uruguayenne qui va gagner SA Copa America en 1995.
      Ce match pour du beurre entre les deux voisins fâchées depuis des mois était vital pour l'Équateur : gagner pour ne pas finir dernier de la poule derrière le méchant voisin. Jamais vu un délire pareil, même en 98 ici. On n'est pas descendu dans la rue car peur de ce délire. Du balcon, c'était plus rassurant. PS sur PS (là, du coup, c'est super politiquement correct, non? limite proche de la confusion) pour lutter contre la froidure. Les poumons n'ont pas aimé.

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